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6 décembre 2012
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SALES TEMPS pour le Père Noël !
Il court, il court, le Père Noël… il est passé par ici, il NE PASSERA PAS par là…
Le Père Noël était à la une du JT hier pour cause d’interdiction de passage dans une école. On évoque des raisons religieuses et financières, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’il transporte ces
deux valeurs dans son traîneau depuis toujours ! Mais quoi en penser plus loin que le bout de son nez ?
Je vous propose de REPASSEZ par la case « passé » car on a toujours besoin d’un petit passé chez soi… pour nourrir son opinion…
A la NOËL 1951, Père NOËL faisait déjà la une des journaux. Voilà ce que disait, par exemple, FRANCE SOIR :
« Le Père Noël a été pendu hier après-midi aux grilles de la cathédrale de Dijon et brûlé publiquement sur le parvis. Cette exécution spectaculaire s’est déroulée en présence de plusieurs centaines d’enfants des patronages. Elle avait été décidée avec l’accord du clergé qui avait condamné le Père Noël comme usurpateur et hérétique. Il avait été accusé de paganiser la fête de Noël et de s’y être installé comme un coucou en prenant une place de plus en plus grande. On lui reproche surtout de s’être introduit dans toutes les écoles publiques d’où la crèche est scrupuleusement bannie. Dimanche à 3h de l’après-midi, le malheureux bonhomme à barbe blanche a payé comme beaucoup d’innocents une faute dont s’étaient rendus coupables ceux qui applaudiront à son exécution. Le feu a embrasé sa barbe et il s’est évanoui dans la fumée. A L’issue de l’exécution, un communiqué a été publié dont voici l’essentiel :
« Représentants tous les foyers chrétiens de la paroisse désireux de lutter contre le mensonge, 250 enfants, groupés devant la porte principale de la cathédrale de Dijon, ont brûlé le Père Noël. Il ne s’agissait pas d’une attraction mais d’un geste symbolique. Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. A la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l’enfant et n’est en aucune façon une méthode d’éducation. Que d’autres disent et écrivent ce qu’ils veulent et fassent du Père Noël le contrepoids du père fouettard. Pour nous, Chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du sauveur. »
L’exécution du Père Noël sur le parvis de la cathédrale a été diversement appréciée par la population et a provoqué de vifs commentaires même chez les catholiques. D’ailleurs cette manifestation intempestive risque d’avoir des suites imprévues pour ces organisateurs.
L’affaire partage la ville en 2 camps. Dijon attend la résurrection du Père Noël, assassiné hier sur le parvis de la cathédrale. Il ressuscitera ce soir à 18H, à l’Hôtel de ville. Un communiqué officiel a annoncé, en effet, qu’il convoquait, comme chaque année, les enfants de Dijon, place de la libération, et qu’il leur parlerait du haut des toits de l’Hôtel de ville où il circulera sous les feux des projecteurs. Le chanoine Kir, député-maire de Dijon, se serait abstenu de prendre parti dans cette délicate affaire. »
Cet évènement a été commenté longuement à l'époque par le très sérieux Claude Levi-Strauss ce qui le tire bien loin du simple "fait divers"
MAIS QUELLES TERRIBLES PEURS SE CACHENT DERRIERE PERE NOËL ?
- peut-être la peur d’être privé de l’unique symbole de lumière auquel on s’est accroché et auquel on croit
- peut-être la peur d’être frustré si on ne peut pas participer à la fête autant qu’on le voudrait
- peut-être la peur de notre monde socio-économique incertain, instable, la peur du renouvellement du monde
- peut-être la peur du merveilleux dans un monde hyper rationnel
- peut-être la peur du métissage culturel. Car l'histoire du Père Noël est un excellent exemple d’intégration d’influences culturelles diverses. Sous son bonnet rouge, se croisent les traditions gréco-romaines, le roi des saturnales, mais aussi les mythologies scandinaves, Jul, Odin, Lucie, Slave avec Mikoula, Celte avec Gargan, Perse avec Mithra et encore la tradition Chrétienne et le bon St Nicolas et même notre monde moderne industrialisé, et même nos traditions familiales singulières. La figure du Père Noël que nous connaissons aujourd’hui, n’est qu’une forme transformée de ces personnages anciens. Elle commence à se fabriquer aux USA vers 1823, elle se fixe probablement sous l’influence de grandes industries comme Coca Cola vers 1930 et elle fait son apparition en Europe véritablement au début du 20ème s.
ET SI LE PERE NOËL EXISTE… c’est parce que, de toute éternité, nous avons besoin de conjurer la peur ensemble et de trouver protection. Ne passe-t-il pas au moment du solstice d’hiver ? vous savez, ce temps où la nuit est à son maximum juste avant que le jour ne regagne en longueur, où la terre ne produit rien avant de renaître. Ce temps où les peurs archaïques des humains peuvent être à leur comble… quelles plus grandes peurs en effet que celle de l’alternance de l’ombre et de la lumière, du combat de la vie et de la mort. Et quelles plus belles raisons pourrait-on trouver pour ce rassembler, prendre le temps de se poser, chanter, danser, appeler, espérer.
Tous les symboles d’appel à la lumière que les Hommes ont inventés, sont alors les bienvenus. Pourquoi faudrait-il éliminer le Père Noël en particulier ? parce que sa hotte a un peu trop grossi ? mais si c’est la raison, la solution est assez simple. Il revient à la responsabilité de chacun, dans sa famille, de faire un peu maigrir la ration de cadeaux et de redonner à la fête de Noël toute sa dimension symbolique de lumière qui nous rattache à notre humanité entre nature et culture.
ET VOUS, SIMPLES PARENTS, N’OUBLIEZ PAS … Noël, c’est le moment parfait pour boire et faire boire du MERVEILLEUX sans aucune modération ! imaginez toutes ces petites choses qui peuvent étonner, surprendre, et qui fabriquent un peu d’extra-ordinaire dans un quotidien qui en a bien besoin.
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