La vie de mère offre de nombreuses occasions d'être blessée et de souffrir. Mais l'enfant qui fait souffrir sa mère n'a pas forcément et toujours l'intention de lui faire mal. Il se peut que ce qu'il dit ou fait réveille de vieilles blessures.
voir : un poste de réanimation ? c'est quoi ?
Parler de ses blessures n'est pas simple, rendre visible son intimité non plus. Mais garder ses blessures pour soi ou les mettre de côté comme si elles n'existaient pas, n'est pas toujours une solution meilleure.
Je vous propose de vous exprimer sur ce sujet douloureux avec des listes.
En bonne mère de famille, vous êtes sans doute experte en liste de courses !
Mettez-les de côté un instant et hasardez-vous dans la forme poétique de la liste...
Prenons une japonaise pour exemple. Elle s'appelait Sei Shônagon et vivait au 11ème s. Elle était dame de cour et écrivain. C'est elle qui a porté la liste au rang de l'Art et de la poésie. Elle en a écrit 78 pour dire ce qui lui plaisait beaucoup et ce qui lui déplaisait totalement dans le monde.
En voici des exemples
LISTE DES CHOSES DESOLANTES
- Un chien qui aboie pendant le jour.
- Un nasse à poissons au printemps.
- Un vêtement couleur de prunier rouge, au troisième ou quatrième mois.
- Une chambre d'accouchement où le bébé est mort.
- Un brasier sans feu.
- Un conducteur qui déteste son boeuf.
- Un savant docteur à qui naissent continuellement des filles.
- Une maison où l'on n'offre pas de festin à celui qui a fait un long détour pour éviter de marcher dans une direction néfaste. Au changement de saison, c'est encore plus désolant!
LISTE DES CHOSES QU'ON MEPRISE
Une maison dont la façade est au Nord
Une personne dont les gens connaissent la trop grande bonté
Un vieillard trop âgé
Une femme frivole
Un mur de terre écroulé
"J'aime : la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâte d'amandes, l'odeur du foin coupé (...), les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould, la bière excessivement glacée, les oreillers plats, le pain grillé, les cigares de Havanes, Haendel, les promenades mesurées, les poires, les pêches blanches ou de vigne, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes à écrire, les entremets, le sel cru, les romans réalistes, le piano, le café, (...), Sartre, Brecht, Verne (...), les trains, le médoc, le bouzy, avoir de la monnaie, Bouvard et Pécuchet, marcher en sandales noires le soir sur de petites routes du Sud-Ouest, (...), les Marx Brothers. (...)
Je n'aime pas : les loulous blancs, les femmes en pantalon, les géraniums, les fraises, le clavecin, Mirò, les tautologies, les dessins animés, Rubinstein, les villas, les après-midi, Satie, Bartok, Vivaldi, le téléphone, les choeurs d'enfants, les concertos de Chopin, (...) le politico-sexuel, les scènes, les initiatives, la fidèlité, la spontaneité, les soirées avec des gens que je ne connais pas."
"J'aime, je n'aime pas : cela n'a aucune importance pour personne ; cela apparemment n'a pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire : mon corps n'est pas le même que le vôtre." [Roland Barthes]